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Les pas stages du soleil - Mars 2020


Samedi 28 mars, 18 heures : voilà, je rentre tout juste des stages du soleil… !! Hahaha, mais non évidemment, je vous rappelle que pour l'instant ON RESTE CHEZ SOI… c'était juste une blague à la con finement amenée….! Alors bien sur j'aurais pu me passer de vous raconter cette semaine de stage dans le sud puisqu'on n'y est pas allés. Mais en cette période inédite où fleurissent télé-travail, visio-apéros et autre zwift-sorties (bientôt les jumelles-belotes), tout ça pour se donner bonne conscience en tentant de compenser la "distanciation sociale" (attitude civiquement méprisable dont on se souviendra un jour qu'elle devint une vertu sous la pandémie), je me suis dit que j'allais faire un (tout petit) effort et vous raconter quand même cette semaine de "pas stages du soleil". A ne pas confondre avec les "stages de pas soleil", car ça on a déjà eu… mais cette semaine il a fait super beau. Tant mieux pour le moral, c'est toujours ça de pris par les temps qui courent (à défaut de rouler). Dans un rayon d'un kilomètre, bien sur.
Mais revenons à nos moutons. Tout n'a donc pas commencé samedi dernier. Je ne suis pas arrivé chez Daniel vers 5h30, comme ce n'était pas prévu. Cinq minutes, le temps de ne pas tout charger dans la voiture, en respectant bien sur les gestes-barrières (mais comme les barrières rentraient pas dans le coffre, on a juste chargé les gestes). Nous voilà donc pas partis pour aller chercher l'A6 au petit matin (je parle de l'autoroute, pas de la berline allemande). On ne s'est même pas dit qu'il y avait encore moins de monde que d'habitude sur la francilienne pour un samedi à 6h12. A croire que ce Covid-19 avait pour mission d'améliorer la qualité de notre air : et ça marche, même plus besoin de masque pour sortir (enfin, ça c'est surtout parce que y'en a plus…). Mais alors pourquoi il nous empêche de respirer ce bon air ? C'est vraiment un coronard ce virus !
Mais revenons à nos moutons. Après deux heures de pas roulage, nous ne sommes donc pas arrivés à notre petite station essence un peu avant Sens et nous n'y avons pas pris notre petite collation habituelle. Puisque j'vous dis qu'on n'y était pas… y prendre un café n'aurait pas de Sens. Bien que l'A6 soit complètement déserte, nous n'Avallon donc pas les kilomètres en pas potant. Si au moins il avait plu, ça nous aurait mis un peu de Beaune au cœur… mais non, il fait grand soleil en ce 21 mars, premier jour du printemps (et le printemps est bien parti pour durer cette année parait-il). Mâcon (finé), Lyon (r'viendra), Vienne (que pourra), Montélimar (de rester chez soi)…. les villes se passent sans qu'on ne s'en aperçoive pas, et au bout de même pas 6 heures de pas route, nous n'arrivons donc pas à Orange pour ne pas casser la croute, en terrasse sur notre petite place habituelle. Après cette petite pas pause, nous ne faisons pas le plein et ne reprenons pas la route. Et c'est finalement vers 15h45 que nous n'arrivons pas à Roquebrune-sur-Argens, sous un soleil radieux. Dans le grand hall d'entrée où la réception fait face au bar (et vice-versa), nous ne voyons pas sur la grande télé Julian Alaphilippe défendre son titre sur la classique Milan-San Remo. Et pour cause, il a décidé cette année de ne participer qu'aux classiques qu'il n'a pas encore remportées. Il a donc fait l'impasse sur San Remo. Ça tombe bien, car cette année sera sans Rémo. Et comme notre super champion ne participera pas non plus à Roubaix, aux Fandres et à Liège-Bastogne…. faut-il considérer que c'est comme s'il les avait déjà toutes gagnées ?
Mais revenons à nos moutons. Après ne pas avoir récupéré nos clés, Daniel et moi n'allons donc pas dans notre maisonnette pour ne pas nous y installer. Le soir, confinement oblige, pas de raou(l)t entre cyclos. Tant pis, c'était pourtant sympa ce grand buffet à volonté où tout le monde parsemait avec bonheur et générosité ses petits microbes en piochant à mains nues dans les corbeilles de pains et autre bacs à couverts. Rendez-vous n'est donc pas pris pour le lendemain matin 9h pour la sortie de sélection des groupes. Le "test" : une petite montée à 4-5 % après s'être extraits de la pas circulation du bord de mer. Mais "y'a pas assez de tests pour tout le monde" nous a-t-on dit. De moniteurs non plus, d'ailleurs. La faute à Manu : alors que la semaine dernière on pouvait encore faire des groupes de 10, maintenant c'est des groupes de 1 maximum. C'est peu. Stage annulé. Du coup, c'est bien la première fois que Daniel n'est pas dans le groupe (de) 1. Tout fou l'camp. Et c'est là qu'on se rend compte que les pas stages du soleil, ben c'est pas pareil. La semaine s'écoule donc avec des pas sorties quotidiennes. L'avantage, c'est que pas de sortie, pas de chute. Et par les temps qui roulent pas, c'est mieux parce que si t'arrives à l'hosto tout cassé de partout mais que t'as pas ton coronavirus sur toi, ben y' te prennent pas !! O tempora, o mores !
Nous voilà déjà samedi, faut penser à remonter. Et c'est là l'autre avantage des pas stages du soleil : vu que t'y es pas allé, ben t'as même pas à te préoccuper d'en revenir. T'y es déjà dans ton canapé !
Allez, rendez-vous l'année prochaine, c'est pas bien grave, c'est que du vélo. D'autres – nombreux – sont bien plus à plaindre que nous en cette année meurtrière où l'on prend conscience de notre fragilité face à un tout tout tout petit organisme. Le plus important pour l'instant est de ne pas croiser sa route. Et pour ça, un seul moyen : rester chez soi. Le reste, c'est de la littérature.

••• Vincent Goffin