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Trois-cent quatre bornes à 28 de moyenne
Le BRM 300 de Flins
Six «fous» de l'UVO dans la bise
 
 Il y a des signes qui ne trompent pas : le cockpit de la machine du K’Ptain arbore fièrement l’équipement « longue distance » (compteurs, GPS, éclairage et batterie de secours). Il y a du BRM dans l’air ! Bingo, en ce 22 avril, six courageux (des « fous », selon ma fille) s’élancent sur le 300 de Flins. Vers 5 h 15, à l’heure où les gens civilisés dorment encore, Valérie Ladiré, notre valeureuse féminine secrétaire et Stéphane Boudry, son compagnon, (sans tandem : pour ce 300, ils feront vélo à part…), Alexis Argelès, Pascal Boulez, Jean-Louis Bouysset et moi-même attaquons fièrement le menu gastronomique du jour. Après les gelées matinales de la semaine écoulée, les 5 degrés affichés au thermomètre de la voiture font office de sursaut caniculaire. Ils nous épargneront une gestion vestimentaire trop calamiteuse. Sortez couverts…
 Mais pas trop !

 De belles miches
 dans la plate Beauce
 La nuit, tous les chats sont gris, et le petit train de l’UVO n’est encore qu’un médiocre chapelet de loupiotes en file indienne dans la torpeur matinale. Après les quelques côtes pour s’extraire de Maule, puis de Monfort, puis de Saint-Léger, nous adoptons une allure dynamique et régulière pour avaler les longs secteurs dignes de mon plat pays (côté flamand bien sûr). Le premier contrôle sera à Sours (km 78, 8 h 00). Effectivement, pas un bruit dans cette petite bourgade du plateau chartreux. La boulangère accueillante tamponne nos cartons. Ses belles miches sont presque des monts dans cette platitude environnante. À 8 h 10, le temps d’un petit ravitaillement, nous voilà repartis pour 64 km jusqu’au prochain point de contrôle. Notre expérimenté K’Ptain a demandé aux locomotives de baisser le rythme d’un poil, histoire de ramener tout le monde à bon port. Alexis franchit malgré tout chaque coup-de-cul sur la plaque, nous prenant à chaque fois quelques (dizaines de) mètres avant de se laisser rejoindre. En compagnie de quelques compagnons de route ramassés au passage, nous arrivons à Authon-du-Perche à 10 h 15. Nous investissons le café local, le bien nommé «Au bon coin». Malgré le patronyme de la commune, ni thon ni perche au menu, mais casse-croûte, saucisson, gâteaux secs, et bien sûr la banane du K’Ptain. Valérie suscitera la curiosité admirative des autochtones qui s’attarderont de longues minutes devant sa machine…

 La bise des Francs-Comtois
 ou le baisé de Judas
 À Authon-du-Perche, 30 minutes suffisent pour épuiser les richesses touristiques locales ! 10 h 45, nous reprenons donc la route, avec l’idée motivante que nous sommes sur le retour (comme quoi une expression ne doit pas être retirée de son contexte). Mais là, d’un coup d’un seul, on se rend compte que ce sera sans doute un peu plus compliqué que prévu : comme l’avait prédit Jean-Marc Souami, orgerussien officiant à la météo de France 3, la bise, ce petit vent du nord froid et sec bien connu des Francs-Comtois, s’est invitée dans nos contrées, et nous le fait savoir. Si elle nous aura certes bien aidés à atteindre la moyenne respectable de 29,5 sur l’aller, sa vengeance sur le retour sera usante, à défaut d’être insurmontable. La Ferté-Vidame dans le viseur – à 54 km tout de même – nous attaquons les monts et vallons du Perche, que nous sautons un à un groupés comme un banc de sardines.
 À la Ferté, que nous atteignons deux heures plus tard, la moyenne aura baissé d’un petit km/h. Elle restera stable jusqu’au bout. Nous dévalisons la boulangerie locale pour nous refaire une santé avant d’attaquer la dernière centaine, revigorés. Les batteries sont mises à contribution pour recharger les GPS qui, eux, ne tiennent pas 300 bornes…

 10 heures 43 de roulage
 28,4 de moyenne
 Le tronçon rejoignant Nogent-le-Roi a un parfum de Paris-Brest. K’Ptain nous y emmène les yeux fermés. Malgré un terrain sans difficulté particulière, votre serviteur y fera un arrêt forcé (km 235), le temps d’estomper quelques crampes, qui, hélas, sont à mes longues distances ce que le trou normand est aux menus gastronomiques. Invitées pas toujours souhaitées mais qui vous permettent de patienter avant la suite. Une fois l'arsenal musculaire remis en état, le groupe rejoint Nogent et s’y arrête quelques instants pour recharger les accus — cyclos et GPS — et attaquer la dernière ligne droite jusqu'à Flins. Lors de la traversée d’Orgerus (km 280), on ferme les yeux pour ne pas céder à la tentation de mettre la flèche… Il reste une vingtaine de km, ce serait trop bête. Dans la descente d’Andelu vers Maule, il faudra pédaler pour avancer – c’est dire si cette foutue bise nous aura quand même un peu gâché la vie sur les 160 derniers km. Après 10 h 43 de roulage et 304 km avalés à 28,4 de moyenne, nous arrivons à Flins en fin d’après-midi. Nous serons restés groupés pendant 302 km, notre jeune et fougueux Alexis n’ayant su résister aux remugles de l’écurie sur les deniers hectomètres !
       Vincent Goffin


 
Tableau de bord du Kptain
paré pour la distance

 Les Brevets randonneurs mondiaux (orga. de l'Audax Club Parisien) sont des épreuves à allure libre. C'est l’adaptation d’une vitesse de croisière depuis 15 km/h (env.) jusqu'à l’infini, à ses propres forces. Aux dernières nouvelles l'infini n'est pas atteint (on higole).
 Arriver en bonne santé
 La philo des BRM, c’est d’arriver en parfaite possession de ses moyens. Ils peuvent être parcourus sur toute sorte de cycles, mais mûs exclusivement par la force musculaire : généralement les «gambettes». L'allure est libre mais les participants doivent terminer leur randonnée dans un délai maximum selon la distance (en km) de :
 200 : 13h30 : soit 14,81 km/h
 300 : 20h : 15 km/h
 400 : 27h : 14,81 km/h
 600 : 40h : 15,00 km/h
 1000 : 75 h : 13,33 km/hh
 1200 : 90 h : 13,33 km/h
Notons que pour être admis à effectuer le BRM 1200 (Paris-Brest-Paris), il faut déjà avoir réussi, l'année du PBP, tous les BRM de 200 à 600... Mais, faut le dire : PBP à 13,33 km/h... une higolade.
 Mééé ! C'est pour de rire.