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L'art des choix
L’Ardéchoise est une épreuve de choix
(dans les deux sens du terme)
   
 
 Le premier (choix) est de prendre la décision d’y participer. Après mon désistement lastminute.com de 2016, je ne pouvais que renouveler mon engagement cette année pour enfin vivre de l’intérieur cet événement vanté depuis 13 ans par nos compagnons de clubs les plus assidus ! Les inscriptions étant enregistrées en janvier, on se dit, comme souvent avec les événements planifiés « dans longtemps », que « ça va l’faire, on aura le temps de se préparer ». Il vaut mieux, en effet, ne pas trop penser à ce qui vous attend au moment de signer le formulaire d’engagement !

 Un profil très
« walloné »

 Le second choix est celui de ses compagnons de route, et en corollaire, du parcours. Mon groupe d’accueil désigné pour 2016 ayant, cette année, opté pour la sortie club en Corse (Pascal Boulez, Valérie Ladiré) ou – je comprendrai plus tard pourquoi - la chaise longue (Jacky Mourioux), j’ai donc suivi le seul rescapé de la bande, Pascal Caumont le bien nommé (car ce n’est qu’aux monts que l’on apprécie l’Ardéchoise...) Je me retrouvai donc à l’insu de mon plein gré dans le Groupe 1, en compagnie de Daniel (Alland), Alain (Lemaire), Stéphane (Boudry), Gégé (Vieillot) et Pascal, sur un parcours baptisé "Les montagnes d’Ardèche" approchant les 550 km et 10 000 m D+. Avec mon profil aussi walloné que celui des étapes à venir, cela sentait l’erreur de casting ! Mais comme l’ange du même nom, Coach Pascal me promit de veiller sur moi tout au long de ces jours afin de veiller ma flamme jusqu’au bout de ce qu’il appelait des «vacances». En plus d’être dévoué, Pascal a l’humour fou.
 Le troisième choix est une histoire de sacs. Car le succès de l’Ardéchoise tient en grande partie à une organisation sans faille, et si l’on retrouve nos petites affaires tous les soirs, c’est tout sauf un miracle. Encore faut-il y avoir mis ce qu’il convient, en respectant la limite imposée de 9 kg !

 Vide ton sac !
Connaissant ses ouailles, notre expérimenté Daniel nous avait fourni une liste avec le contenu du sac n° 1 – celui devant inclure tout ce dont on allait avoir besoin du mardi soir au jeudi matin - et celui du sac n° 2 – que l’on allait déposer à l’organisation le mercredi soir et devant couvrir nos besoins du jeudi soir au samedi matin. Vous suivez ? Tout cela à moduler bien entendu selon les prévisions météo, et avec l’obligation de dupliquer tout ce dont le cyclo moderne ne peut plus se passer (chargeur téléphone, chargeur GPS), en plus des classiques lunettes de vue, crème solaire et autre brosse à dent. Un vrai casse-tête… Je vous avoue que la préparation de mes 2 sacs m’aura tenu occupé une bonne partie du dimanche précédent ! Stéphane lui, ne se prit pas la tête : il n’en prépara qu’un ! Mais dut négocier dur avec le Président pour pouvoir le déposer aux organisateurs non pas le mercredi soir mais le jeudi aux aurores... et cela tint du miracle qu’il retrouvât ses caleçons propres le soir même ! 

 Lever à 5 h 15
 Tout cela étant réglé… yavaipluka ! La première étape fut facile et agréable. Je parle du trajet en voiture avec Pascal et Gégé pour nous rendre à Saint-Félicien, que mon GPS coréen me proposa de rejoindre via Clermont-Ferrand et les volcans auvergnats. Très sympa ! À l’arrivée, le désormais célèbre dortoir du deuxième étage de l’hôtel Chaléat Sapet à Satilleu (à une quinzaine de km de Saint Félicien) nous attendait pour deux nuits consécutives, le temps de boucler l’Ardèche verte. Boules Quies obligatoires. Lever à 5 h 15 (tu parles de vacances, Coach !) pour se retrouver sur la ligne de départ à 7 h 00 et rouler autant que possible à la fraîche. Ah oui, détail important : on annonce une période de canicule, avec près de 38 °C en journée (chez moi, on cuit les frites à cette température-là).

 Leffe, Chimay bleue,
 et rosé provençal
 L’Ardèche verte est un miracle permanent en une douzaine de tableaux. Ou ravitaillements devrais-je dire. Pour 130 km, faites le compte… Pas facile de trouver son rythme. Car évidemment inconcevable, impossible même de zapper un ravito : les bénévoles vous barrent la route et vous indiquent le chemin à suivre ! Mais une fois sur place, on ne peut qu’être sous le charme de l’ambiance festive et admirer les ravitos, les décors temporaires, les déguisements, les orchestres… Juste F-A-B-U-L-E-U-X ! Plus qu’un avant-goût, cette première étape nous plongera cependant sans ménagement dans la dure réalité de la géographie locale (2 000 m D+).

 Newton avait raison
 Les étapes 2 et 3 seront plus terribles encore par leurs profils taillés comme les dents de la mer (2 700 m D +). Pas un mètre de plat dans ce pays ! Des côtes interminables, phagocytant souvent plus d’une heure de ma journée pour en voir le sommet. Et si l’on m’avait affirmé que les pourcentages n’étaient pas plus élevés que celui d’une Leffe blonde (6 %), mon GPS afficha souvent des valeurs de Chimay bleue (9 %), culminant même à l’équivalent d’un petit rosé provençal (13 %) lors des détours sadiques par les petits villages à flanc de coteau. Et force est de reconnaître que Newton avait raison, tant pis pour ma pomme : la gravité est bien une force proportionnelle à la masse et qui s’exerce vers le bas. Donc en pente, vers l’arrière. Tout cela dans une chaleur étouffante à ne pas mettre un belge dehors.
 Cherchez donc pourquoi notre trio (Pascal, Gégé et moi-même) arrivera à chaque fois deux heures après les snipers du G1… Même pas le temps de faire la sieste… Et je ne vous parle même pas des deux fins d’étapes pour rejoindre nos hôtels, situés comme il se doit en altitude, imposant à mon organisme épuisé une dernière ascension mortifère de plusieurs kilomètres. L’adjectif "inhumain" traversera souvent mes neurones ramollis lors de ces moments particulièrement pénibles pour ma grande carcasse. Sans le support indéfectible de Coach Pascal, qui plus d’une fois redescendit les cols pour m’encourager encore et encore dans les derniers hectomètres, qui sait si je n’y serais pas encore…

 Avec les kékés
 du samedi

 L’étape 4 nous offrira une facette plus abordable de l’Ardéchoise. Cette année, notre sextuor avait opté pour la boucle de Lignon, une nouveauté parmi les multiples options de parcours possibles. Partir de 1 400 m d’altitude (les Estables) pour rejoindre les quelque 500 m de Saint Félicien, pas besoin d’être médaille Fields pour comprendre que la loi de Newton allait enfin jouer en ma faveur. J’ai même pu enrouler sur quelques km de plat, avant que Coach Pascal ne me rappelle fort justement que la journée n’était pas finie. C’est vrai qu’il y avait encore quelques ascensions, dont la dernière vers Lalouvesc (9 km) que nous avons dû partager avec tous ces cyclos soi-disant sportifs venus faire les kékés sur la seule journée du samedi. Mais au final, dans des paysages somptueux, les 125 km et 1 700 m D + de cette dernière étape allaient se révéler bien plus à ma portée que les deux marathons précédents.

 Du tirage au sort
 à la courte paille
 La journée se terminera par le classique (mais nouveau pour moi) rendez-vous sur le stade de Saint Félicien, noir de monde sous le cagnard. Nous y retrouverons le second groupe UVO, parti dès le premier jour vers Privas (K’Ptain Jean-Louis, Ti-Joël, Élie et Hubert ; Denis, victime d’une chute le mercredi, ayant été rapatrié sur Paris pour subir les examens médicaux nécessaires). Rien pour l’UVO au tirage au sort de cette année, mais la récompense inestimable d’avoir vu et entendu Robert Marchand, 105 ans et demi, toujours bon pied bon œil. Les multiples ovations des milliers de cyclos scandant « Robert Président » ponctueront ses nombreuses prises de parole, empreintes d’humour et du bon sens des bûcherons. Un phénomène ce Robert ! Tout le groupe UVO se retrouvera le soir au Courtepaille de Chanas pour clôturer cette Ardéchoise. Repas convivial, mais arrosé très modérément : tout le monde était visiblement fatigué par ces 4 jours de vacance !


     Vincent  
 
 
  • J1 - Premier ravito de l'Ardèche verte à Satilleu...
  • J1 - …. et c'est parti pour une journée de folie !
  • J1 - Déjà 15 km au compteur, il est temps de prendre un petit rafraichissement !
  • J1 - Saint-Clair: malgré les Pères Noël et ours blancs… chaude ambiance dans ce village !
  • J2 - 35,3 degrés… cela montera jusqu'à 37,7 dans l'après-midi !
  • J2 - Pause-déjeuner dans un petit resto super sympa à Antraigues pâtes, viande blanche et coca de rigeur
  • J3 - Repos bien mérité (aussi) pour nos machines aux Estables
  • J3 - Et un de plus ! Nom prémonitoire ?
  • J4 - Les bouteilles sont au frais dans la fontaine affable (hihihi) !
  • J4 - Rochepaule… un des derniers grands ravitos de ce périple complètement fou !
  • J4 - C'est fini ! On attend le tirage au sort sur le stade, sous un soleil de braise
  • J4 - Robert Marchand au micro. Humour et bon sens du terrien qui ne redoute plus rien !